Le Temps, Samedi Culturel du 31 mai 2008



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Enquête en sourdine
Olivier Sillig signe un texte doux et attachant.

Isabelle Rüf, Samedi 31 mai 2008

Les Editions Encre fraîche ont l'amusante coutume idée d'éditer parfois une plaque de chocolat qui correspond au climat de l'ouvrage Ainsi, pour La Marche du loup d'Olivier Sillig (lire le SC du 4.12.2004), 85% de cacao se mariait au piment d'Espelette. La traduction chocolatée de Lyon, simple filature serait sûrement plus douce, moins épicée. Le quatrième roman d'Olivier Sillig publié par Encre fraîche se murmure sur un ton plus feutré, moins épique que les précédents qui jouaient à la lisière du roman historique ou de la science-fiction.

Roger Favre (un hommage à l'auteur neuchâtelois?) débarque à Lyon du train de Genève. On est en janvier 1958. Voilà quatorze ans qu'il n'a plus traversé la frontière. S'il est de retour dans son pays, c'est pour obéir à l'étrange mission que lui a confiée son patron, un avocat genevois. Il ne serait pas revenu de son plein gré mais il n'est pas mécontent non plus de ce coup de pouce. En 1944, Maître Martin avait fait confiance à ce gamin de 22 ans au passé obscur (mais nullement infamant). Il lui doit bien d'accepter cette tâche insolite.

Quoi donc? Une filature, un travail de détective, non de clerc d'avocat. Il s'agit de comprendre pourquoi un petit garçon, qui s'exerçait à cracher dans les locomotives à vapeur avec son grand-père, a passé par-dessus le garde-fou, un jour qu'il pratiquait tout seul. L'enfant est dans le coma. Le grand-père veut comprendre. Ce riche bourgeois est prêt à payer. Mais à payer quoi? Le secret n'est-il pas dans le silence où dort l'enfant? Roger Favre va donc passer quelques jours flottants à enquêter à sa manière, doucement dépressive, un peu passive, en opposition avec les lois du genre.

Ce roman en demi-teinte fait penser aux dessins de Tardi, dans une France d'avant la télé. Les dialogues ont quelque chose de naïf, d'un peu maladroit; les hasards de la recherche tiennent du conte, ce qui est lié à l'apparente absurdité de la démarche. D'ailleurs tout finit bien. Olivier Sillig signe une œuvre en mineur, sympathique et un peu grise, comme son héros.


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  V: 0: 05.06.2008