V: 26.04.12 - 09.07.2005)

La Marche du Loup, TSR2, 27 février 2005

 



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Sang d'encre Hebdo: Rencontre avec Olivier Sillig et la sélection du Prix TSR du Roman

dimanche 27 février 2005

Rencontre avec Olivier Sillig, auteur romand, qui signe "La marche du Loup" aux éditions Encre fraîche. Conte cruel et magnifique, rencontre avec son auteur chez lui à Lausanne. La sélection du Prix TSR du Roman s'achève avec "16 Rue d'Avelghem" de Xavier Houssin aux éditions Buchet-Chastel.

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Olivier Sillig

Olivier Sillig [TSR]

 

Rencontre avec Olivier Sillig

 

"La marche du Loup" de Olivier Sillig aux éditions Encre Fraîche [TSR]

 

 

Sang d'encre rencontre Olivier Sillig chez lui à Lausanne. Il signe "la marche du Loup" aux éditions Encre Fraîche, magnifique conte cruel d'un enfant loup dans un univers barbare, illuminé de merveilleux. "En l'an mille, un enfant qui vivait parmi les loups va rencontrer les hommes. A la manière des tous grands récits qui ont fondé l'imaginaire humain, La marche du Loup sait entremêler le quotidien et la fable, pour nous emporter dans un tourbillon d'aventures hallucinantes."


Courriels reçu par la TSR


intervention de  Bruno de Genève

  La Marche du Loup

Tout commence fort mal…

Une couverture hideuse illustrée d’une photo purement et simplement « empruntée » au premier disque de Tears for Fears, « The hurting » (1983) et un titre évoquant plus un quelconque mauvais documentaire animalier dominical qu’autre chose…
Puis, les premières pages. Passé un mauvais prologue en forme de « note de l’éditeur » (sic) nous rappelant une mauvaise littérature fantastique française des années 70’, on enchaîne sur une narration à peine digne d’un synopsis bâclé et prétentieux où l’absence de verbe semble être le comble du raffinement littéraire.
Puis… miracle ! Olivier Sillig réussit contre toute attente à nous installer au cœur de cette histoire abracadabrante, située en l’an mil au milieu de forêts sombres et impénétrables, et nous raconte sans nous épargner aucun détail, l’histoire de Wolfgang, dit le Loup Rouge, chef de meute brutal aux instincts primaires et sanguinaires.
A peine le temps de comprendre que nous sommes sortis du cadre romanesque traditionnel, et nous voilà littéralement subjugués, à en dévorer les pages les unes après les autres sans plus pouvoir s’arrêter.
Il s’agit clairement d’un conte.
Un conte cruel et sanguinaire, rugueux tellement sa narration est parfois étonnamment réaliste, dans la droite lignée de toute une mythologie nordique, fait de violences, de meurtres, de viols, d’inceste, de chairs à vif et sanguinolentes, etc. et qui ne semble pas s’encombrer de cette symbolique psychanalytique parfois indigente…
Donc, un conte pour adultes pourrait-on dire…
Sauf que c’est un plaisir indescriptible que de se laisser infantiliser et guider par Olivier Sillig. L’état de grâce est tout proche. L’émerveillement intact. La féerie omniprésente.
Dans un final éblouissant, il peut même nous parler d’une grossesse qui dure 3 ans parce que la mère a promis au père de l’attendre pour l’accouchement ou d’un mourrant qui écrit de son propre sang l’histoire complète de sa vie sur les murs d’un couvent en ruines.
Peu importe, il a su nous conquérir et gagner notre confiance. On le suivra jusqu’au bout, doutant même à peine de la réalité et de la véracité de ces faits qui nous sont ici rapportés !

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intervention de 

Léonard Buhler

  le 21 janvier 2005

mon commentaire

L’histoire de Wolfgang, mi-homme, mi-loup.

A peine nés, Wolfgang et sa sœur jumelle Luisa sont orphelins puis rapidement séparés lorsque Wolfgang s’en va vivre avec les loups.

Il rejoindra ensuite, à l’âge de sept ans, une bande de pilleurs dont il deviendra d’ailleurs par la suite le redoutable et incontestable leader.

L’auteur nous emmène à une vitesse étonnante, d’un village pillé à un autre, d’un meurtre à un autre, d’un viol à un autre, tout cela sur un ton d’une étonnante légèreté.

Entre réel et irréel, souvent, très je me suis lassé.

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intervention de  Danielle

  La Marche du Loup, un essai d'interprétation

Un essai d’interprétation, qui n’engage que son auteure ! A ne lire peut-être qu’après avoir lu le livre ?


Il faudrait le lui demander. A lui. Mais le sait-il lui-même, ce qui s’est passé dans son esprit - corps et âme - lorsqu’il a écrit ce livre ? Je l’ai entendu en parler si laconiquement, presque maladroitement, alors qu’on l’interrogeait sur les ondes ! Par timidité, par pudeur ? Parce que le livre, une fois coupé le cordon le reliant à son auteur, doit faire son chemin tout seul, parce que le lecteur doit se sentir libre de sa lecture ? Il affirmait n’avoir rien prémédité, rien concocté. On aurait dit qu’il n’avait rien à en dire et c’en était déroutant, presque décevant. Ce qu’il a écrit était peut-être un besoin dont il n’avait pas entièrement conscience ? Un cri enfoui profondément en lui, qu’il n’a soudain plus pu retenir, qui lui a échappé, l’aurait traversé sans son avis pour se coucher sur le papier ? L’auteure admirative des lignes ci-dessous, qui attribue de multiples sens à cette magnifique fiction, est-ce qu’elle invente son propre roman à partir du sien ? Et si !
elle lui dit ce qu’elle a vu que lui n’a (ou n’aurait ?) pas vu, ou si elle a vu des choses qui n’y figuraient pas, comment va-t-il réagir ? Qui publie accepte le risque d’être mis à nu, ou mal interprété ...

Précisons d’emblée : nous ne dirons rien des scènes qui dans ce livre nous ont le plus émue, afin d’en laisser la surprise aux futurs lecteurs - mais peut-être que leur préférence ira à d’autres composants du roman. Qu’ils sachent cependant que certains passages sont d’une force et d’une beauté à vous couper le souffle.

(...)

Le roman est traversé de couleurs et de températures revenant à la manière du leitmotiv : blanc de la neige, rouge du feu, des yeux, des cheveux, noir du ciel, des armures, des bannières ou vert de la forêt ; froid glacial et brûlure purificatrice du feu. Couleurs tranchées, dont la juxtaposition augmente l’intensité du sens. La nature participe activement, féériquement, oniriquement, mythiquement au récit. Le temps n’est pas celui de la vie normale : traverser une forêt peut prendre plusieurs années. Le temps, symbolique, est celui nécessaire à la pénitence, à l’initiation, à la purification des hommes, à leur lent cheminement vers l’amour.

Complexe par les genres abordés, le récit, progressif dans sa construction, est riche en rebondissements inattendus, génère un fort suspense. Il commence et s’achève sur la même phrase en langue moyen-âgeuse, qui est le début du récit retrouvé sur les murs du couvent. Mais si l’auteur espère que des bribes de l’histoire seront retrouvées mille ans plus tard, le récit suit une progression constante jusqu’à atteindre un sommet, certes fragile. L’enfant-loup, muet, va apprendre à écrire, à aimer, à devenir un homme. Et si la femme, à l’exception de Clara, est peu valorisée par l’auteur dans le cours du récit, elle aura la part belle vers la fin, osant dire en face à Wolfgang puis au duc qu’ils ne sont que de sinistres tueurs, ce qui lui vaudra la mort mais mettra fin à la guerre. Grâce à son intervention courageuse et révoltée, elle fera accéder des êtres bestiaux au repentir, à l’amour et à la tendresse. L’épopée culmine avec une image émouvante, celle d’un homme autrefois san!
guinaire devenu vieux et tendant la main à un enfant capable de lui pardonner des crimes odieux.(...)

L’écriture n’est pas celle d’un récit, ni d’un roman, mais utilise un langage épique et surtout poétique. Langage parlé, faisant, mais à sa manière, penser à celui de Ramuz ; elliptique, calqué sur la pensée même, « on line » ; faisant penser plus encore à celui d’Agota Kristof. Les jumeaux du Grand Cahier s’imposent pour dénoncer les horreurs de la guerre et des occupations de ne dire que des faits : on ne peut pas accorder de confiance aux sentiments.
La simplicité du langage est parfaitement conforme à la nature des personnages ainsi qu’au sujet traité : mythe de l’origine du monde, cruauté essentielle de la vie, personnages primitifs, naissance espérée d’une humanité meilleure. Le roman est caractérisé par des répétitions lancinantes dans l’espace court de phrases courtes ou dans l’espace plus vaste des paragraphes et des chapitres. (...)
Voici, pour terminer ce compte-rendu, une citation qui permet d’assigner à la cruauté sa juste place dans le roman : « L’homme en noir fixe toujours l’enfant. Il pense que le couvent tout entier résonne des battements de son cœur qui s’est tout à coup réveillé ». (p. 175). Quant à nous, laissons ce livre résonner dans nos cœurs. Laissons le cheminer librement dans nos âmes, conformément à la nature poétique dont il a été volontairement doté par l’auteur. Laissons-le agir en nous, faire son œuvre à l’instar des contes de fées, des mythes, des épopées, des cosmogonies, genres dont il participe. Peut-être n’aurions-nous pas dû essayer de l’analyser ? Peut-être aurions-nous dû garder pour nous notre plaisir, afin que le lecteur trouve celui qui lui revient en propre.

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intervention de  Yvette de Ollon

  La Marche du Loup

La "Marche du Loup" est un conte fantastique et cruel qui nous transporte en
l'an mille. Barbare et crue, la réalité se mêle à un imaginaire merveilleux
pour transcender les destinées trop brutales des personnages. Une grande
lumière se dégage de ce récit issu des ténèbres. On en sort émerveillé,
comme seuls savent le faire les contes immémoriaux.
Ne goûtant habituellement pas le genre, je me suis d'autant plus laissée
séduire par cette belle surprise.

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intervention de  Corinne de Lausanne

  La Marche du Loup

Un magnifique conte cruel qui imprime l'imaginaire en rouge et glace !
Le récit est bien mené, palpitant avec un souffle lyrique qui ne faiblit pas, uniforme tout au long des actions commises.
C'est un récit différent et violent qui ne me laisse cependant pas de désespoir à l'arrière-fond, mais une certaine tendresse et de l'espoir.
L'auteur nous tansporte dans des temps anhistoriques qui rendent supportable pareille violence et injustice. Un récit du même type situé dans le temps présent me serait insupportable. Le symbolique permet de jouer avec la nature animale et humaine de chacun, avec les identités sexuelles, le pouvoir. En filigrane, le destin de, Clara, la soeur ouvre les portes de l'espoir. L'9nspiration est égale tout au long du texte. Flamboyant et original!


Olivier Sillig / info@oliviersillig.ch / (21) 320 33 22