Dauphiné Libéré, 20.11.2004, rubrique LIVRES, par Thierry Hubert |
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FICTION: LA MARCHE DU
LOUP (Olivier Sillig)
Les romans d’Olivier
Sillig sont
trop rares, après « Bzjeurd », publié par
l’Atalante et réédité récemment en
Folio chez Gallimard, voici un nouveau récit étrange et
envoûtant de cet auteur
suisse.
Le récit est écrit sur les murs
d’un couvent en ruine, au coeur d’une forêt. Des murs ont
disparu, il manquera
donc des épi sodes à cette histoire qui relate le destin
d’un enfant qui suivit
les loups sur les sentiers de l’an mil, puis suivit des hommes au coeur
de loup
avant de diriger une bande de ruffians contre le seigneur des lieux,
hermaphrodite cruel et fourbe. Les deux chefs de bande, le noble et le
manant,
se déchireront pour la possession d’une jeune femme
singulière, soeur que le
jeune duc avait vouée à la mort.
Ecrit en phrases très courtes,
dans un style haché comme la respiration d’un lutteur, ce conte,
qui puise aux
sources anciennes de nos peurs et de notre culture, trace ses
fulgurances sur
le noir de la nuit. C’est l’hiver, les pas marquent la neige, et l’on
écoute
glacé de peur et échauffé d’émotion la
geste d’anciens héros. Ce sont des
loups, des veneurs chargés de ramener le coeur des princesses,
des hameaux isolés
par le froid incendiés par les bandits, leurs habitants
égorgés, des rêves
prémonitoires, des êtres uniques, à moitié
monstres qui dominent le monde
depuis si longtemps qu’on a oublié leur nom. Olivier Sillig
connaît les chemins
qui nous ramènent à l’essentiel, sans détours. (T.
H.)
(Ed. Encre fraîche, Genève,
Suisse, 184 p.)
Olivier Sillig / info@oliviersillig.ch / (21) 320 33 22