V: 08.07.2005

Dauphiné Libéré, 20.11.2004, rubrique LIVRES, par Thierry Hubert




FICTION: LA MARCHE DU LOUP (Olivier Sillig)
Les romans d’Olivier Sillig sont trop rares, après « Bzjeurd », publié par l’Atalante et réédité récemment en Folio chez Gallimard, voici un nouveau récit étrange et envoûtant de cet auteur suisse.
Le récit est écrit sur les murs d’un couvent en ruine, au coeur d’une forêt. Des murs ont disparu, il manquera donc des épi sodes à cette histoire qui relate le destin d’un enfant qui suivit les loups sur les sentiers de l’an mil, puis suivit des hommes au coeur de loup avant de diriger une bande de ruffians contre le seigneur des lieux, hermaphrodite cruel et fourbe. Les deux chefs de bande, le noble et le manant, se déchireront pour la possession d’une jeune femme singulière, soeur que le jeune duc avait vouée à la mort.
Ecrit en phrases très courtes, dans un style haché comme la respiration d’un lutteur, ce conte, qui puise aux sources anciennes de nos peurs et de notre culture, trace ses fulgurances sur le noir de la nuit. C’est l’hiver, les pas marquent la neige, et l’on écoute glacé de peur et échauffé d’émotion la geste d’anciens héros. Ce sont des loups, des veneurs chargés de ramener le coeur des princesses, des hameaux isolés par le froid incendiés par les bandits, leurs habitants égorgés, des rêves prémonitoires, des êtres uniques, à moitié monstres qui dominent le monde depuis si longtemps qu’on a oublié leur nom. Olivier Sillig connaît les chemins qui nous ramènent à l’essentiel, sans détours. (T. H.)
(Ed. Encre fraîche, Genève, Suisse, 184 p.) 


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