V: 08.07.2005

DAUPHINÉ LIBÉRÉ, Livres, Thierry Hubert, 18 avril 2005




FICTION

JE DIS TUE À TOUS CEUX QUE J’AIME
(Olivier Sillig)

Un homme arrive dans une ville. C’est souvent ainsi que commencent les westerns, beaucoup de romans policiers, et peut-être tout simplement la plupart des histoires des gens. Chez Olivier Sillig, il n’y a a priori rien de mystérieux ni d’inquiétant dans cette arrivée. Cet homme est un banal employé qui doit livrer une pièce de radiateur à un client. C’est par le car qu’il débarque dans une bourgade tristement banale. Il prend ses quartiers entre l’hôtel et la brasserie. Bien sûr, les choses vont se gâter. Pour une obscure raison, celle des cauchemars, il ne parvient jamais à livrer son colis. Fatalité, et aussi les barrières jaunes, qui surgissent un peu partout au détour des rues. Cette cité est un cocon tiède et finalement accueillant, il se fait même un ami, un accordéoniste, bien trop jeune et en même temps très vieux. Un drôle de type qui l’attire et qui peu à peu l’entraîne dans son monde. Cela ressemble bien à de l’amour.
A mi chemin entre Kafka et Buzzati Olivier SilIig déroule les méandres d’un fantastique teinté d’absurde. Ses personnages ne sont jamais inquiétants, mais comme fêlés, en discordance avec eux, usés, sans être résignés, par l’érosion répétitive de ta vie. Ce roman pourrait être à la fois une fable sur l’enfermement, la perte des illusions ou bien encore sur l’irruption du désir et de la révélation, la violence des sentiments. Un beau roman à lire peut-être dans la salle d’attente d’une gare routière, dans l’ombre jaune d’un éclairage artificiel là où la vie se ramasse sur elle-même. (T. H.) (H&O, 192 p 16€)


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