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Olivier Sillig

Florianópolis

Premier jour du carnaval.

Tradition locale, tous les hommes sont déguisés en femme ;

Je n’en ai vu qu’une, travestie en homme.

Les magasins sont barricadés, déjà comme un dimanche.

Exutoire aux boîtes à pipi vertes et bleues

Où, en queues, une foule se presse,

Un bout de rue pourtant passante a été adopté.

Debout face au mur, les jambes écartées,

Délicatement, les pisseurs en perruque,

De leur main libre, relèvent leur jupon par devant,

L’arrière retombant sur leurs jambes velues.

Dans le jour déclinant, ils forment une guirlande,

En rotation régulière, de dix à douze lampistes,

Presque, on dirait des tapins boudeurs.

À cheval sur des flots d'écume,

Ils soulagent une vessie que la bière exacerbe.

Sauf un, le dernier, dans l'encoignure de la première voiture.

Gardant baissé chastement son jupon,

Il dresse, en paravent entre lui et le mur,

Une étoffe légère, un sari coloré,

Afin de masquer une vraie femme,

Accroupie, les jupes relevées,

Dont l'urine, par-dessous, sinueuse,

S’insinue dans les flots déversés.

Le ciel est gris. Au-dessus des pisseurs, il bruine maintenant.

La musique demeure, et la fête continue.

Armação, Brésil, le 12.2.2013,  Lausanne 5.3.2013


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slamé par CinqCentDouze le 05.03.2013
23.04.13 – 05.03.13