La Chose / Ill. Olivier Sillig

La Chose

Olivier Sillig

Genre: Roman historico-fantastique.

~400 pages 
A paraître au printemps 2009
E-Mail: info@oliviersillig.ch 
 


   Sommaire

 (dossier de présentation pour l'obtention de la bourse d'écriture attribuée par Pro Helvetia  au printemps 2006)
  1. L’Article (version du 9 mars 2007)
  2. L’Avant-goût (extrait)
  3. L’Écume
  4. L’Esprit
  5. L’Essence
  6. Vers la version éditée







 

L’Article (version du 9 mars 2007, type 4ème de couverture)

« Approchez, Mesdames et Messieurs, venez plus près, déposez votre obole et glissez-vous sous la tente ! En ce mois de mars, douzième de 1492, Hardouin, le montreur ambulant, vous présentera la Chose, un hermaphrodite adolescent conservé dans une bombonne d’eau-de-vie. Pour votre plus grande édification, nous promenons de foire en foire cette étrange créature, gagnée lors d’une mémorable partie de cartes qui vous sera contée.

 « Vous apprendrez comment le vieux montreur a sauvé d’une mort certaine Tyecelin, son actuel assistant, un gamin de 7 ans. Vous suivrez leurs péripéties, leurs rencontres, la tribu qui se formera autour d’eux. Vous rencontrerez Grand Macabre, la chiromancienne qui fabulera la vraie vie de l’hermaphrodite, vous saurez l’histoire de Juan, le premier assistant parti avec Colomb aux Indes Occidentales, vous découvrirez Face-de-lune le mongolien, Ava la jeune aveugle et son fiancé défiguré, Delphin le délicat chevalier et Carolingine la tortue. Vous verrez des routes qui se séparent, qui se retrouvent, s’achèvent et recommencent. Approchez !



 

L’Avant-goût

          Version du 9 mars 2007

Chapitre 1.           La rencontre
— Où l'on apprend comment travaillent les maquignons —

●○01 : La grange brûlée

— Tyecelin !

– Oui ?

– Tyecelin ! Elle va venir ? Raconte, raconte encore !

– Oui, Tyece, raconte, raconte ! crient les autres enfants, ceux qui tiennent encore.

– Oui, elle va venir, confirme Tyecelin.

– Raconte ! crient les enfants qui se sont arrêtés de danser.

– Tiens, bois. Et après, raconte !

Tyecelin prend la gourde, hésite un instant puis la rend au garçon plus grand, à la voix déjà grave, qui vient de la lui passer.

– Non, je n'en veux pas. Pour bien la voir, il ne faut pas boire de gnole. Il crie aux autres : Ceux qui boiront de la gnole vont s'endormir avant. Ils ne la verront pas. Ils ne l'entendront pas.

– Ils ronfleront trop, dit un autre.

Les enfants, ceux qui le peuvent encore, rient.

– D'accord, alors moi aussi je veux la voir.

Le garçon plus grand passe la gourde plus loin. En silence et sur place il fait quelques pas de danse, comme un ours de foire.

Il arrache, déchire même, sa vareuse et s'exclame :

– J'ai chaud !

Les autres enfants rient. Une fille laisse aussi tomber la sienne, déjà ouverte. Ses seins naissants semblent rentrer sous sa peau bleue, ses lèvres aussi, dans leur mouvement convulsif.

La fille interpelle Tyecelin :

– Raconte !

Un enfant jette un peu de paille sur le tas de braises froides qui rougeoient sourdement. Le fétu s'enflamme violemment mais trop vite, sans chaleur, créant soudain un cercle de lumière aux limites duquel un amas d'enfants s'est déjà affaissé, là où le noir profond se confond à la charpente calcinée et aux murs couverts de suie.

– Raconte !

Tyecelin raconte :

– Avant qu'elle arrive, le vent va cesser. La neige soufflée ne viendra plus s'accrocher dans la barbichette de Tutain. Tyecelin montre le garçon plus grand et son visage enfariné : Ni se glisser dans nos habits ouverts.

– Ni caresser les tétés de Emelisse, rigole à froid Tutain.

– Ni caresser les tétés de Emelisse, répète Tyecelin dans un accord nonchalant.

– Et alors ? dit un tout petit dont la main vient se fondre dans celle de Tyecelin.

– Et alors on la verra venir. On la verra venir de loin, parce qu'il y a lune. Elle chérit la lune.

Le petit dit :

– Alors elle viendra aujourd'hui, parce que c'est la pleine lune, c'est Emelisse qui me l'a dit !

Les autres sont enthousiastes mais ils ne sont plus assez forts pour applaudir.

Tyecelin explique :

– Elle viendra avec sa carriole. On la reconnaîtra de loin parce que les grelots de sa mule ne feront aucun bruit. Ni leurs pas. Elle, elle sera enveloppée dans une grande cape.

– Un linceul ?

– Peut-être, peut-être pas. Tyecelin n'a pas l'air de savoir : Si tu veux. Une grande cape.

– À quoi ça lui sert ? Elle ne peut pas avoir froid.

– Et nous, quand on sera avec elle, non plus, dit un autre.

– Moi je n'ai plus du tout froid, murmure une fillette toute nue.

Tyecelin improvise et répond à tous :

– C'est une question de décence. Pour pas qu'on voie qu'elle n'a plus rien dessous, que les os de son squelette.

– Mais elle aura sa faux ?

– Bien sûr.

– Alors on la reconnaîtra bien vite.

– Bien sûr. Et de longs cheveux blancs, qui dépasseront sous la capuche de sa cape.

Un des gosses lance une nouvelle poignée de paille. Nouvel éclat de lumière. Tous regardent Tyecelin. Sa vareuse est encore fermée. Sa peau semble bien dure, mais il ne montre pas s'il a froid, encore, déjà, ou plus. Ses yeux sont en amande, très noirs, avec des cils très longs ; des yeux de fille, se moquent quelquefois certains ; ils oublient que le père de Tyecelin était Rom. Tyecelin a sept ans, il a encore l'air solide, les autres le sentent. Tutain veut tenir aussi longtemps que lui, il pense qu'il tiendra, il est plus grand, plus fort, plus musclé ; bientôt il aurait été un homme.

Les enfants se remettent à tourner autour du feu généralement amorphe. Ils ont abandonné leurs sabots, et leurs pieds insensibles martèlent l’espace de terre battue épargnée par l'incendie. Quelquefois l'un d'eux se baisse pour essayer de relever un de ceux qui sont déjà sur le sol.

– Hé ! Hé ! Si tu dors déjà, tu ne la verras pas !

– Il a trop pris de gnole, il dort déjà, il ne la verra pas.

Le tout petit dit :

– Je lui raconterai. Quand on se retrouvera.

Tyecelin, qui l'a entendu, le confirme :

– C'est ça.

Il est content que le gamin pense cela.

Emelisse et un autre enfant, serrés l'un contre l'autre, se sont éloignés vers la sortie. Ils regardent dehors.

Soudain ils appellent, deux fois :

– Tyece ! Tyece !

Mais Tyecelin n'entend pas, alors une autre enfant vient le chercher et tous ceux qui sont encore valides vont vers la sortie et la lune pleine ; sa lumière bleue est amplifiée par la neige, dure comme un glaçage, qui couvre tout le paysage.

– Là !

Emelisse décolle paresseusement un bras, difficilement. Elle le tend vers l'horizon rapproché :

– Là ! La voilà !

Il y a un lumignon, une lueur orangée, une lanterne sourde. Et une silhouette noire. Une charrette, une bête qui la tire, et une ombre qui les conduit. C'est elle ! Tous semblent convaincus, même si Tyecelin ne répond rien. Et le vent semble confirmer leur idée, puisqu'il a disparu. Les petits diamants, les petites écailles de verre glacé, retombent lentement, en scintillant comme des lucioles d'hiver. Les enfants se serrent les uns contre les autres ; peut-être se soudent-ils en une masse unique. Ils observent. Tutain ricane un tout petit peu. L'équipage approche.

– Regarde !

Un des gamins désigne les halos déjà visibles, le souffle de la mule et du cocher. Aucun relève que la mort ne respire pas.

– Écoutez !

On entend un grelot, unique et lent. Aussi le glissement des roues sur la neige dure, le grincement des courroies, le cuir et le bois du harnachement de la bête, et les pas du cocher noir qui crissent sur le sol.

– Elle est bien cachée sous sa cape, dit le plus petit qui serait sans doute devenu un gamin bavard et déluré.

L'équipage va d'un bon pas. Qui qu'il soit, il vient vers eux. Dans les champs blancs, vallonnés, on voit les ruines des fermes isolées.

Le chariot est couvert par une bâche qui forme une étrange pyramide conique sur le pont de bois entre les courtes ridelles. Il ne va pas ralentir, il va entrer ici.

Tyecelin fait un pas, mais Tutain le dépasse, se baisse — c'est une révérence — et dit, avec une galanterie de seigneur — des seigneurs, il en a vu à la foire :

– Madame !

Mais Tyecelin le relève et dit :

– Ce n'est pas elle. Il y a un peu de mépris dans sa voix : C'est un homme, il respire. Il a chaud, lui.

La plupart des enfants poussent un murmure déçu et réprobateur. Soudain sans curiosité. Plusieurs repassent de l'autre côté du feu et de ses braises rouges mais froides. Mais Tyecelin reste. Et Tutain, même s'il le domine de plus d'une tête déjà. Parce qu'il veut être à sa hauteur. Et Emelisse et ses seins bleus. Et l'autre enfant. Peut-être seulement parce qu'ils sont soudés ensemble.

Tyecelin a raison, c'est bien d'un homme qu'il s'agit, un vrai, vivant, habillé, apparemment pas trop refroidi, long, grand, maigre malgré l'épaisseur de sa cape et ses bottes de fourrure. Il a, comme celle qu'ils attendaient, de longs cheveux, presque blancs, parcourus de fils gris, mais aussi une barbe, pointue mais longue et folle avec du givre dedans. Un visage osseux mais robuste, la peau foncée — une teinte qui n'a rien à voir avec celle décolorée des enfants exsangues. Des yeux bleus qu'il promène avec une curiosité impassible sur le spectacle qu'offre la grange. Il fait entrer la bête et l'attelage tout entier qu'il conduit vers un coin abrité par un pan de mur et un bout de toit encore solide. Il décroche la lanterne et s'avance. Les dix ou douze gamins toujours debout se reculent, s'agglutinent, mus plus par une force grégaire et solidaire, ou pour toucher la vie, que par la recherche d’une chaleur définitivement disparue. Il s'approche, monte sa lanterne, les observe mais ne dit rien. Son visage n'exprime rien, ni curiosité, ni surprise, ni douleur. Tutain se dégage un peu, s'avance, essaie encore de bomber le torse, de se mettre en valeur. Peut-être a-t-il raison, car l'homme semble le remarquer et esquisse un sourire très vaguement complice. Une fois, il se baisse vers un enfant accroupi sur lui-même et s'essaie à lui bouger un bras déjà raidi.

Sans aucune passion, sans force, mais sans non plus masquer sa voix, Tyecelin dit alors :

– C'est un maquignon.

Étonnamment le plus petit est encore capable de parler ; il demande — comme quoi chez les enfants la curiosité demeure jusqu'au bout :

– Tyecelin, c'est quoi ce que tu as dit, c'est quoi un maquignon ?

– Un maquignon ? C'est un marchand de chevaux qui va de foire en foire et choisit les meilleurs chevaux qu'il revend plus loin.

Ce sont les derniers mots qui seront dit dans la grange. L'homme les entend, entend la remarque, la question, le prénom du garçon ainsi que sa réponse. Il revient vers lui. Il approche la lanterne du visage, elle grave un reflet coloré, orange et double dans les iris tout noirs. Mais Tyecelin fixe l'homme avec une indifférence insolente, alors que Tutain s'agite un peu, comme pour se faire voir, se rappeler à l'homme. L'homme leur fait un sourire — une grimace entendue ? — qui semble donner raisons aux derniers mots de Tyecelin, ce maquignon par lequel il l'a qualifié. Puis l'homme repart vers sa mule. Il extrait une couverture de la charrette, mais rien ne peut plus émerveiller les enfants, même s'ils voyaient encore. La couverture est pour la bête, déposée tendrement sur ses flancs. Et l'homme tire un flacon et un bouchon d'étoupe qu'il imprègne, une odeur forte, musquée, mais les enfants n'ont plus d'odorat. Avec il bouchonne sa bête. De temps en temps il se retourne vers la masse des enfants agglutinés, toujours compacte, mais moins haute. Certains se sont assis, le reste est tombé les uns contre les autres.

Ensuite il descend une caisse de son chariot, il s'assied un instant comme s'il se préparait à une longue attente, mais il se relève assez vite et revient vers les enfants effondrés. Il sort un morceau de miroir qu'il approche de leur visage. Le miroir ne s'altère pas sous les narines de Emelisse, mais se voile devant celles de Tyecelin, au contact des lèvres de Tutain aussi, et, un tout petit peu, contre celles de l'enfant tout petit. Chaque fois il consulte la surface d'étain comme si elle délivrait un oracle — est-ce d’alors, de cet usage étrange, médical, que les miroirs s'appellent quelquefois psyché, et non des belles qui plus tard s'y mireront en pied ?

Il revient à sa caisse, s'assied, attend, immobile, indifférent, impassible. Il fixe le rougeoiement parcourant encore de-ci de-là les cendres de pailles mortes qui ont alimenté et étouffé le feu éphémère ; et si ses yeux brillent, c'est à cause du froid.

Il se relève, recommence son jeu avec la glace d'étain. Seul Tutain et Tyecelin l'embuent encore. Il semble hésiter un instant, prend la main de Tyecelin, une petite masse d'albâtre, la bouge, bouge le bras jusqu'à l'épaule, le secoue ; Tyecelin ne réagit pas mais reste souple. L’étranger se baisse, dégage cet enfant de sept ans, le pose sur son épaule comme s'il s'agissait d'un sac peu rempli et léger, revient vers la mule, retire la couverture, couche Tyecelin à plat ventre sur l'échine de la bête, un bras et une jambe de chaque côté — il doit les déplier, ils commencent à se crisper — puis remonte la couverture, même au-dessus de la tête du garçon.

Ensuite, pas dans le foyer où les braises s'étouffent, trop près des petits corps gelés, mais vers son attelage, il prépare tranquillement un peu de bois qu'il débite en bûchettes acérées. Il insère quelques brins de paille sèche, approche sa lampe et s'allume un vrai feu. Il revient à la mule, sort deux ou trois objets, le bouchon d'étoupe, la fiole, une autre plus petite, plus étrange, qu'il dépose à côté de la caisse. Il reprend l'enfant inanimé et s'assied sur son escabeau de fortune. Il ouvre tout grand son manteau, écarte les genoux, installe Tyecelin contre son flanc et commence à le déshabiller. Tyecelin est un des seuls à avoir gardé sa culotte et sa vareuse fermée, par contre ses pieds sont nus depuis longtemps. Tout doucement, très lentement, très doucement, après avoir fait couler un peu du liquide odorant dans la paume de ses mains, l'homme commence à frictionner l'enfant. Il part de petits pectoraux durcis, du côté gauche d'abord, ensuite les épaules, puis le haut du ventre, juste sous le sternum, longuement, puis jusqu'au pubis enfantin, juste au-dessus du petit sexe totalement recroquevillé, les reins, les fesses. La tête de l'enfant est plongée sous l'aisselle gauche de l'homme, contre la laine épaisse de son maillot de corps. Depuis un moment, depuis qu'il s'est mis au travail, l'homme pousse, très bas, très grave, sourde, intérieure, profonde, une longue complainte, bouche presque fermée, au rythme très lent d'une respiration maîtrisée et des mouvements du massage. De ce son, Tyecelin se souviendra.

À un moment, l'enfant grogne un tout petit peu. L'homme dégage sa tête. Un instant, Tyecelin ouvre les yeux mais juste pour en dévoiler le blanc. L'homme prend la mystérieuse petite fiole, écarte les lèvres de l'enfant et glisse quelques gouttes le long de la gencive inférieure. Ensuite il retire son manteau et y roule le gamin. Il se lève, retourne parmi les petits corps bleus dispersés. Tous sont nus ou presque mais des vêtements jonchent le sol, dont quelques tricots en relativement bon état que l'homme ramasse. Il revient vers l'enfant endormi, déroule le manteau et l'habille. Il lui remet sa culotte, lui enfile les maillots. L'enfant se laisse faire, comme une poupée, maintenant de chiffon. L'étranger coupe les manches d'un des tricots qu'il enfile sur les jambes et les pieds nus de l'enfant. Enfin il le couche près du feu dans la couverture et s'installe à son tour. Pendant la nuit il se réveille plusieurs fois, dont une où il profite pour glisser entre les lèvres de Tyecelin quelques gouttes de la mystérieuse liqueur.

Dehors la lune a continué sa route silencieuse.

C'est comme cela que les choses se sont passées. Du moins c'est ainsi que Tyecelin s'en souvient.




L’Écume

Comme pour d’autres textes, le premier chapitre de « La Chose » existe depuis un certain temps déjà. Au repos.

Je l’ai récemment tiré de son sommeil. À l’hôtel de ma tête, je l’ai relogé dans une chambre donnant sur la rue.

J’ai la trame, le fruit est mûr. Il me reste à le planter, à lui vouer des soins attentifs et encadrés (c’est un fruit complexe, une grappe) pour voir la plante grandir et devenir arbre ou haricot géant.

Je ne m’isolerai pas sur une île déserte pour l’écrire. Cette fois, vu la nécessité d’avoir accès aux sources de documentation, je me recréerai des îlots dans les bistrots, les bibliothèques et chez moi. J’irai peut-être m’imprégner des lieux parcourus et de leurs archives, de Lisbonne à Sulina et de Hoedic à Constantinople.     

       


L’Esprit

 « La Chose » sera un road movie en carriole à travers l’Europe, à cheval sur le Moyen-Âge et les Temps Modernes. Ce ne sera pas à proprement parler un roman historique, mais son inscription dans l’Histoire engage ma responsabilité d’auteur. Le lecteur prenant ce qu’il lit pour vrai, je m’interdirai les éléments anachroniques ou factuellement inexactes (un travail de documentation s’impose, dont j’essaierai d’exclure tout pédantisme, évitant de rentabiliser mes efforts par l’étalage de connaissances trop fraîchement acquises).

En règle générale le récit sera à la troisième personne, mais toujours marqué d’un point de vue. À l’instar du premier chapitre, chaque épisode se terminera par une phrase précisant la source du témoignage, par-là un indice de sa fiabilité (Premier chapitre : C'est à peu près comme ça que les choses se sont passées. Du moins c'est ainsi que Tyecelin s'en souvient).

Comme dans les contes de Voltaire, les chapitres auront tous un sous-titre qui entretient le suspens en permettant au lecteur d’anticiper les avatars (Premier chapitre : La Rencontre, où l'on apprend comment travaillent les maquignons).

Dans ce texte, les héros ne seront pas les silhouettes emblématiques d’une fable. Ici, je chercherai à les rendre réels, faits de chair et d’os. Avec une âme, matérielle, dans laquelle je me permettrai de m’immiscer, pour mieux la faire transparaître et en souligner les tourments et les joies. Le fantastique du récit se limitera aux péripéties des protagonistes.

Le texte fera entre 200 et 300 pages, en fonction des développements inattendus liés aux péripéties des héros, le tout alimenté par les incidences de mon vécu immédiat[1], de ma mémoire[2], et de ma fantaisie.

L’écriture sera sobre, descriptive et visuelle.

 


L’Essence

Au-delà de leur sujet ou de leur thème apparent, mes textes sont portés par une couche inférieure que je découvre peu à peu, très souvent après coup. Cette couche est constituée des conflits et des doutes qui m’habitent, ou qui m’ont habité. C’est une guerre intérieure, jamais tout à fait gagnée, à laquelle j’essaie d’insuffler une certaine beauté.

C’est la coexistence de ces différentes strates qui permet à mes textes de fonctionner. Si les faits et gestes de mes protagonistes n’ont rien d’autobiographique, l’espace de leur narration l’est toujours. Je serai l’an 1492 de « La Chose ».

J’écris avec un petit lecteur en peluche perché sur mon épaule ; il me ressemble. Je surveille qu’il se laisse porter par la trame de l’histoire, et que l’action des autres couches lui reste insidieuse. Voilà pourquoi je n’aime pas trop me pencher à priori sur les thèmes à venir. Autour des sexes et des âges, mon histoire parlera d’identité. Le reste appartiendra aux lecteurs.

 


Vers la version éditée

© textes et illustrations: CinÉthique, Olivier Sillig.


Courrier à l'auteur: E-Mail
http://www.oliviersillig.ch

 



[1] Voir note suivante.

[2] À Gênes, au printemps 2005, j’ai observé et essayé d’interroger une tortue qui hiberne depuis 16 ans dans les platebandes d’un jardin. J’en ferai peut-être le fil conducteur philosophique de mon récit.







V: 9.12.2008  (14.05.06)